« Avec notre voix, nous faisons ce que nous pouvons, pas ce que nous voulons. »
La voix est un outil de communication complexe. Nous souhaitons tous qu’elle reflète au mieux notre pensée mais ce n’est pas toujours le cas. Ce n’est pas l’envie qui nous manque de mettre en relief nos idées, c’est parfois la mécanique qui nous fait défaut.
Et si certains d’entre nous le font inconsciemment – on dit alors qu’ils ont du coffre, que ce sont des stentors -, d’autres n’ont pas les mêmes aptitudes et peinent à mettre en valeur leurs discours.
La nature est injuste et ne nous dote pas tous des mêmes aptitudes. Nous avons tous en mémoire des personnes à l’esprit vif et à la plume alerte ne réussissant pas à faire passer leurs idées par manque de talents oratoires. Cela nous montre bien que le fond d’un discours est essentiel mais pas toujours suffisant pour convaincre : la forme, ce que l’on appelle aussi le para-verbal, est capital dès lors que l’on veut emporter l’adhésion de ses auditeurs.
Si la chose n’est pas innée, il est bon de savoir qu’elle peut être acquise. Ce n’est pas parce que l’on ne sait pas faire porter sa voix naturellement que l’on restera inexorablement dans l’ombre. En clair, une voix ça se travaille ! Et quel que soit le point de départ ! Une personne à la voix fluette et presque inaudible pourra, si elle est bien accompagnée, obtenir des résultats lui permettant de soutenir une prise de parole en public et de faire passer au-delà de son discours ses intentions sous-jacentes : détermination, séduction, désir de conciliation.
Prenons un exemple concret qui, bien que limité à un aspect technique bien précis, nous donnera une idée du travail qui peut être fait.
- ou Mme X constate qu’il ou elle se sent bien quand il ou elle prend la parole dans son bureau, autour de la table de réunion, qu’il y ait un ou plusieurs clients. Il ou elle se trouve convaincant(e), déroule ses arguments avec aisance, sait écouter, rebondir, gérer les éventuels conflits et faire preuve d’assertivité.
Cependant, dès qu’il s’agit de prendre la parole dans un espace plus grand (salle d’audience, salle de conférences, amphi…) il ou elle se sent limité(e), ressent qu’il ou elle doit faire des efforts importants pour se faire entendre et que cela nuit à l’impact de son discours. On est même plusieurs fois venu lui dire qu’il ou elle n’était pas toujours très audible et d’ailleurs au bout d’un certain temps sa voix s’éraille et il ou elle est de plus en plus souvent presque aphone le lendemain d’un exercice de ce genre.
Face à un problème de ce type, il est indispensable de comprendre que la fréquence (hauteur de la voix) ne peut pas être la même quand son auditoire se trouve à un mètre environ (espace conversationnel intime ou voix de proximité) et quand on doit s’adresser à une salle entière (espace de joute orale ou voix de conviction). Cette personne va donc devoir apprendre à « aller chercher » cette voix de conviction. Pour cela, un premier travail sur la respiration va être nécessaire pour passer d’une respiration thoracique à une respiration abdominale, plus adaptée à ce type de situation.
Ensuite, il sera utile d’assouplir la voix de cette personne par des exercices appropriés pour lui permettre de « se promener » de sa voix de proximité à sa voix de conviction sans tensions, pour créer une zone de confort dans laquelle il lui sera agréable de parler. Ainsi, cette personne pourra petit à petit s’adapter au contexte de sa prise de parole et placer naturellement la hauteur de sa voix pour rester audible d’une part mais aussi pouvoir nuancer son discours et le garder vivant en changeant facilement de registre.
En résumé, nous pouvons dire qu’il est toujours possible, sauf grave problème pathologique, d’obtenir une voix fiable, tonique, souple et résistante, en accord avec le discours qu’elle veut porter. Ce n’est qu’une question de temps et de travail. Et de rencontre avec un spécialiste à l’écoute de la personne qu’il accompagne.